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(NB : certains des objets présentés dans ce diaporama ne sont pas (ou plus) disponibles à la vente)

 

  Les collectionneurs français sont particulièrement gâtés : c'est probablement en France que l'on a le plus de chances de trouver une pipe à opium authentique ou des accessoires de fumeur, car, du fait de sa longue histoire coloniale en Extrême-orient, c'est finalement dans ce pays que nombre de ces objets ont terminé leur course. En effet, l'opium est resté longtemps en vente libre – mais néanmoins bien taxée par la Régie ! – dans toute l'Indochine française (Tonkin, Laos, Annam, Cochinchine et Cambodge), alors qu'il avait déjà été régulièrement interdit en Chine, quoique sans réels résultats, par tous les empereurs successifs depuis Yongzheng en 1729. À partir de 1906, cette interdiction devint bien plus drastique avec des condamnations sévères et des autodafés de matériels. Finalement le Plan de Six ans, en 1935, visa à éradiquer les derniers fumeurs qui disparaîtront effectivement avec la République Populaire en 1949. De nos jours en Chine, il ne reste donc pratiquement plus d'objets anciens authentiques qui rappellent l'opium. Par contre, d'autres pays d'Asie du Sud-Est ont autorisé – ou du moins toléré, pour les individus de l'ethnie chinoise – son usage jusqu'à une époque très récente (Thaïlande : 1960, Cambodge : 1975 et enfin Laos : 2002 seulement). 

 A contrario, dans les colonies anglaises, l'opium était traditionnellement ingéré à la manière indienne, plutôt que fumé à la chinoise (plus exactement : inhalé) comme en Indochine française. 

  En Métropole, on fume l'opium d'abord dans les ports et plus particulièrement à Marseille, à Brest, et surtout à Toulon où la police recense plus de 200 fumeries lors de son interdiction en 1908. Elles y deviendront clandestines par la suite, car elles y seront seront encore – toujours selon la police –  au nombre de 163 en 1913 !

  Bien que l'usage récréatif de l'opium soit, depuis cette date, devenu légalement interdit en France métropolitaine, les fumeurs clandestins y resteront relativement actifs, si l'on en croit les biographes de Colette, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Joseph Kessel, etc... jusqu'à la fin des années 40/50.

  Néanmoins, les beaux objets authentiques restent rares sur le marché et sont aujourd'hui très recherchés. De grossières copies faites pour les touristes abondent dans toutes les boutiques de curios d'Asie du Sud-Est (pays dans lesquels les douaniers ont pour consigne de confisquer les très rares pipes authentiques trouvées lors du contrôle de sécurité à l'aéroport). Ces copies modernes, qui finissent très souvent leur voyage sur eBay, sont généralement peu dangereuses pour le collectionneur averti, les artisans-faussaires n'ayant, pour la plupart, jamais eu entre les mains des modèles authentiques ou visité un musée, ni même consulté une documentation sérieuse. 

 

  À propos de documentation, nous recommandons vivement, sur le sujet de l'opium fumé à la manière chinoise, la lecture des ouvrages suivants :

 

• Bertholet Ferry M., 2007 : Opium – Art et histoire d'un rituel perdu, Éditions Citadelles & Mazenod, Paris. 

(C'est l'ouvrage français de référence, pour le texte et les illustrations). Disponible à La Malle du Gouverneur, épuisé chez l'éditeur… ★★★

 

• Brown Laura, 2005 : L'art de l'opium fumé, Éd. Naga, Paris. 

Excellent petit livre pour approfondir le sujet, bien illustré. Index, bibliographie, 217 p. ★★

 

• Delalande Dominique & Éric, 2011 : Mémoires d'opium, Somogy éditions d'art, Paris. 

(Le texte, bilingue français-anglais, est très succinct, mais les photos et les objets sont superbes). ★★

 

• Paulès Xavier, 2011 : L'opium – Une passion chinoise (1750-1950), Histoire Payot, Paris. 

(Pour les fanas d'histoire). 

 

En langue anglaise :

 

• Martin Steven, 2007 : The Art of Opium Antiques, Univ. of Washington. 

(Petit guide très bien illustré, essentiel pour le collectionneur débutant). ★★

__________ , 2012 : Opium Fiend – A 21st Century Slave to a 19th Century Addiction, Villard, New-York. (Un impressionnant témoignage autobiographique récent !) ★★

 

• Flow K. , 2009 : The Chinese Encounter with Opium, SCM Publishing, Taipei. 

(426 pages très illustrées, env. 2 kg, texte en anglais : c'est la Bible du collectionneur sérieux, mais très difficile à trouver en France). Éventuellement disponible à La Malle du Gouverneur ★★

(voir à la page Livres et documents)

 

• Armero Carlos & Rapaport Benjamin, 2005 : The Arts of an Addiction, Quadrus Communication, Vienna, Virginia, USA. (219 p., en anglais également, avec de nombreuses illustrations et une mine de renseignements pratiques : faux et reproductions, glossaire, adresses, codes stylistiques chinois, etc

Très recherché car, édité à 500 exemplaires seulement, il n'a pas été distribué en Europe. 

Éventuellement disponible à La Malle du Gouverneur… ★★★ (voir à la page Livres et documents)

 

• Lee Peter, 2006 : Opium Culture - The Art and Ritual of the Chinese Tradition, Park Street Press, Rochester, Vermont, USA. 232 p.

(Petit livre avec d'intéressants commentaires et photos de fumerie contemporaine) ★★

 

  À lire également : un excellent article de synthèse récent sur la fumerie de l'opium selon la méthode thébaïque : Ami-Jacques Rapin : La « divine drogue » : l'art de fumer l'opium et son impact en Occident au tournant des XIXe et XXe siècles, A contrario Éd., 2003/2 (Vol. 1), p. 6-31.

(Disponible en format .pdf à : https://www.cairn.info/revue-a-contrario-2003-2-page-6.htm

 

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   Et enfin, pour ceux qui, comme moi, sont lassés des représentations très fantaisistes montrées généralement au cinéma, voici comment les choses se passaient réellement :

 

 

NB : pour en savoir plus sur Steven Martin (1962-2015) : https://www.collectorsweekly.com/articles/journey-into-the-opium-underworld/  (en anglais)


Blog (opium) :

 

Les verrines de Yaowarat

   Il est largement plus de midi dans Yaowarat, le quartier chinois de Bangkok.

Le soleil est très chaud et  tombe pratiquement à la verticale. Le vacarme des pots d'échappement est assourdissant. Chaque touk-touk ou moto qui passe en trombe me fait rentrer malgré moi la tête dans les épaules dans un mouvement réflexe, complètement inutile, pour tenter de me protéger du bruit. 

" — Vous êtes hyperacousique ! " avait laissé tomber l'ORL en haussant les épaules d'un air fataliste, il y a quelques mois

 

   Les trottoirs, bien trop étroits, sont envahis par une foule compacte qui déambule à toute petite vitesse, de gros sacs en plastique au bout des bras.

Reste le bord de la chaussée, mais il est encombré de chaque côté de charrettes de vendeurs de comestibles à emporter et de véhicules garés en double file, en train d'être chargés ou déchargés de ballots de marchandises. Si l'on est un peu pressé – comme moi – il faut donc marcher dans la rue en anticipant visuellement la trajectoire probable des véhicules.

 

   J'entre dans une n-ième boutique chinoise, sans porte, très sombre, qui paraît presque noire en sortant du grand soleil. Le vieux Chinois est, comme il se doit, écroulé sur sa chaise derrière le comptoir et me regarde d'un air neutre.

À l'aide de mon thaï rudimentaire, je demande : " — Des antiquités ?

Ça l'a réveillé ! Soudainement enthousiaste, il répond avec un grand sourire : " — Mi ! " et me montre fièrement du doigt des étagères chargées de bric-à-brac. Je m'en approche et, du premier coup d'œil, comprend déjà qu'il n'y aura probablement rien pour moi. C'est bien comme d'habitude : des services à thé très poussiéreux – quoique fabriqués l'année dernière à Hong Kong – des bricoles indistinctes en laiton, devenues toutes noires avec le temps et la pollution et, bien entendu, les incontournables Trois Sages Fou Lou Shou, hilares pour l'Éternité, en porcelaine émaillée de couleurs criardes et disponibles dans toutes les tailles.

 

   Mais, au milieu du fouillis, mon regard vient de scanner une silhouette déjà cataloguée dans mon subconscient…

Je prends l'objet en question en introduisant un doigt dans le trou situé à son sommet.

Elle est sale, mais c'en est bien une ! Et même pas fêlée !

 

   C'est une verrine de lampe à opium, du type appelé lampe de coolie par les collectionneurs. Elle mesure plus d'une vingtaine de centimètres et elle est même marquée d'un sceau doré…!

   Une excellente trouvaille ! Je demande par signes où est la base de la lampe. Le vieux marchand hausse les épaules.

Je la repose lentement, en simulant une grosse déception. Lui aussi paraît bien déçu car il imagine déjà sa vente ratée.

En réalité, j'exulte dans mon fort intérieur car il est bien plus rare de trouver une verrine sans sa base que l'inverse ! Et justement, j'en ai plusieurs à la maison, qui attendent désespérément un verre depuis longtemps.

Je vais lentement jusqu'au fond de la boutique sans rien trouver d'autre, puis reviens vers le marchand et, d'un air indifférent, demande : " — Combien ? "

Son prix est raisonnable mais je fais quand même une petite grimace, pour la forme, et baisse de vingt pour cent. Il prend alors un air de grande souffrance et offre dix pour cent. Je fais semblant d'hésiter un moment en tournant lentement l'objet entre mes doigts, puis accepte d'un signe de tête.

Pendant qu'il roule prestement le verre dans une feuille de journal, je demande sans conviction :

—  D'autres ? 

À ma grande surprise, il répond encore " — Mi ! " et plonge sous le comptoir.

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Selle ou plaquette ?

   Dans les ouvrages en langue française qui nous montrent des pipes à opium, la partie métallique servant à raccorder le fourneau au corps de la pipe (le fût) est appelée " plaquette " :

 

   Pourquoi l'emploi de ce mot ?
Il semble, en effet, peu approprié, car une plaquette est une petite plaque qui – outre le fait qu'elle ne supporte habituellement pas de cheminée – devrait être, comme l'étymologie l'indique, plus ou moins plane (qu'elle soit : de rue, de cuisson, d'égout, voire même de chocolat !)…

 

   Bon ! c'est d'accord : l'artisan qui a fabriqué l'objet est bien parti, au début de son travail, d'une plaquette métallique plus ou moins décorée, qu'il a martelée gentiment pour la courber afin de l'adapter intimement au corps cylindrique de la pipe, après y avoir soudé, par brasure, une cheminée ; mais on ne peut plus vraiment parler de plaquette pour désigner le résultat final !

    Or, il existe bien, dans notre riche langue française, un terme qui, quoique d'un usage un peu technique, correspond parfaitement à la forme et la fonction de notre objet.

Les plombiers et les bons bricoleurs le connaissent bien, c'est celui de " selle ".


    Si vous en réclamez une, chez Leroy-Malin ou bien chez Mr Bricorama, voici l'objet que l'on vous proposera :

 

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